Présentation et application de l'outil
Qu'est-ce qu'une balance décisionnelle?
Il s’agit d’un outil régulièrement utilisé en thérapie cognitive et comportementale (TCC).
Son objectif est d’aider à la prise de décision concernant un potentiel changement dans sa vie, ou lorsque plusieurs opportunités s’offrent à soi : modifier (ou non) un comportement comme arrêter sa consommation de tabac, envisager un déménagement dans une autre région, etc.
Il permet de structurer et clarifier notre réflexion. Il s’agit aussi d’un levier motivationnel.
Dans quels cas l'utiliser ?
La balance décisionnelle en TCC est particulière intéressante lorsque nous sommes dans une phase d’ambivalence par rapport à un choix.
Cette ambivalence peut se manifester par des pensées de type « Oui, mais d’un côté… oui, mais de l’autre… » qui interfèrent avec votre raisonnement.
Ces cognitions peuvent « tourner en boucle » sous forme de rumination mentale, sans pour autant permettre d’avancer efficacement dans la résolution de problème. L’ambivalence peut induire un sentiment d’inertie, d’être bloqué par une hésitation constante entre plusieurs solutions incompatibles entre elles.
Cette ambivalence peut être renforcée par plusieurs facteurs, notamment par la tendance à rechercher une solution parfaite. Sauf que dans les faits, il est très rare (voire impossible) de trouver une solution qui ne comprend que des avantages sans aucun inconvénient ni renoncement.
Comment faire une balance décisionnelle?
Cet exercice psychothérapeutique est généralement proposé entre deux séances, à faire à son domicile. Cela permet d’avoir davantage de temps pour le compléter.
S’il reste possible de le faire « dans sa tête », en pratique je recommande très vivement de poser à l’écrit la balance décisionnelle. En effet, la prise de note des arguments organise davantage votre réflexion et permet de la « matérialiser », ce qui a généralement pour bénéfice de diminuer les ruminations à ce sujet.
Cette balance pourra bien sûr être approfondie ensemble en séance. Dans la pratique clinique en TCC, le ou la psychologue ne donne pas son avis personnel sur votre situation. Il est important que les éléments de réflexion vous appartiennent, qu’ils soient en cohérence avec vos attentes et besoins.
Toutefois, je peux vous guider par le biais de questions ouvertes, ou en vous apportant des données concrètes relevant de ma compétence qui pourraient vous être utiles (ex : information de psychoéducation).
Cet exercice thérapeutique est réalisable lors de séances en présentiel au cabinet, tout comme lors d’une psychothérapie TCC en ligne.
Préambule à l'exercice
Avant de commencer l’exercice, il est souvent aidant de garder en tête qu’il n’y aura probablement pas de solution totalement idéale.
Par ailleurs, réaliser une balance décisionnelle ne vous invite pas pour autant à faire « tout de suite un choix ». Il ne s’agit que d’un support pour accompagner votre processus de prise de décision !
La balance est réalisée pour l’ensemble des options envisagées (changer un comportement ET ne pas changer de comportement).
Étape 1 : lister les arguments pour/contre
Pour une solution envisagée, lister dans un tableau les avantages et inconvénients à court-terme, de façon exhaustive et concrète.
Il est souvent pertinent de compléter cette première ligne par une seconde en répertoriant les arguments à long-terme. En effet, il n’est pas rare d’observer une dissociation entre les avantages/inconvénients à court et long terme.
“Dans l’immédiat, fumer la cigarette a l’avantage de me procurer beaucoup de plaisir et de détente. C’est aussi un moment de convivialité avec mes collègues. À long terme, je ne retrouve pas de bénéfice particulier. Au contraire, je suis très inquiète quant aux effets sur ma santé, et cela risque d’entraver mes capacités physiques alors que je prépare une compétition sportive pour l’an prochain.”
Toutefois, il arrive que certains arguments soient les mêmes qu’importe la temporalité.
Étape 2 : pondération des arguments
Pondérer vos arguments selon leur degré d’importance dans votre prise de décision, entre 1 et 10.
La note de 1 correspondant à une influence mineure. Une cotation à 10 correspond à un élément indispensable, un inconvénient rédhibitoire…
En effet, il peut être insuffisant pour préciser votre réflexion de seulement lister les arguments « pour/contre », en ne tenant compte que du nombre d’arguments (étape 1).
Par exemple, si votre colonne « avantages » contient 5 arguments de faible importance (entre 1 et 3/10), alors que la section « inconvénients » comprend un seul argument ayant un degré d’importance >7/10, cela sera à considérer pour nuancer les résultats obtenus à l’étape 1.
Quelques questions utiles pour la balance décisionnelle
- Quels inconvénients suis-je en mesure d’accepter ?
À l’inverse quelles sont les contraintes inacceptables (qui dépassent mes limites personnelles, qui génèrent un conflit de valeur intolérable, etc.) ? - À ce jour et par rapport à cette situation spécifique, quels sont mes besoins prioritaires (ex : stimulation intellectuelle, repos, sociabilisation) ?
Quelles valeurs personnelles (ex : liberté, écologie, etc.) souhaiterais-je privilégier dans cette prise de décision ? - Est-ce que je dispose de toutes les informations nécessaires pour me positionner ?
Si a priori la balance décisionnelle semble simple à utiliser, il est parfois difficile de l’appliquer sans suivi psychologique.
Des éléments de fonctionnement dont une forte tendance au perfectionnisme, le FOBO « fear of better option » ou certains troubles anxieux (comme le trouble d’anxiété généralisé –TAG-), peuvent interférer avec les compétences de prise de décision.
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